Spyder en cours

Publié le par Shaya Onthemoon

Cela a commencé à l’automne 2014. J’avais écrit une nouvelle avec un autre auteur, et nous nous étions beaucoup amusés avec nos personnages, le fantôme d’un chaman indien et une chasseuse de fantômes, à New York en septembre 2001. Le 30 septembre 2014, je publie une micronouvelle avec pour thème la mort de James Dean et un jeu avec le nom de sa voiture, la fameuse Spyder :

Peu lui importe l’identité de son client qui s’est montré redoutablement discret. Ce qui compte, c’est l’enveloppe bien pleine qu’il lui a fait parvenir avant leur rendez-vous téléphonique, et celle encore plus grosse qu’il lui enverra ce soir.

« Tenez-moi au courant », exige la voix du client, comme déformée par un tissu.

« Vous en entendrez parler, et pas par moi », l’assure la sorcière avant de raccrocher.

Tout en sortant de la cabine téléphonique, la jeune femme jette un coup d’œil satisfait vers le garage où un apprenti lustre amoureusement la Spyder 550.

Tu auras beau frotter, tu ne pourras jamais la nettoyer de sa malédiction.

La saboteuse part tranquillement chez elle, où elle s’installera devant son poste de radio. Au coucher du soleil, la voiture aura accompli son œuvre, gorgée des haines des amants et des maîtresses que le beau James a délaissés pour sa nouvelle conquête, Ursula.

30 septembre 1955 : mort de James Dean au volant de sa nouvelle Porsche ; par la suite, plusieurs conducteurs de voitures utilisant des pièces de la Spyder seront eux-mêmes victimes d’accidents, contribuant à la légende d’une voiture maudite.

Source photo: http://www.autonewsinfo.com/2015/09/30/30-septembre-1955-james-dean-est-mort-170313.html

Source photo: http://www.autonewsinfo.com/2015/09/30/30-septembre-1955-james-dean-est-mort-170313.html

À la mise en ligne de cette micronouvelle, mon coauteur me dit : « ça serait un super thème d’enquête pour Kwisk et Emily ! ». Tout y était : une voiture géniale, des stars : James Dean et Ursula Andress, et une malédiction, des accidents liés à la Spyder, et j’en passe. Il nous a fallu un an pour mettre au point le synopsis et imaginer les personnages. Après quelques démarrages manqués, nous avons peaufiné notre synopsis et commencé la rédaction. Chacun notre tour, nous écrivons et envoyons notre création à l’autre, qui reprend où s’est arrêté le récit du précédent.

Plus de trois ans après l’émergence de cette idée, je m’amuse toujours autant avec nos personnages. Mon Emily a commencé cette enquête à Mammoth Lakes, à l’est de la Californie, puis a traversé en moto tout l’état pour se rendre à Los Angeles au chevet de son ami Tom. J’ai constitué une « playlist » sur Deezer avec les sorties « metal » de 2004-2005, qu’Emily écoute sur sa moto. Nos héros en sont au milieu de leur enquête, ils ont rencontré Ursula Andress et le texte dépasse les 125 KSEC. Au tour d’Anthony d’écrire… et je suis impatiente de lire sa production.

Un petit extrait de ma contribution la plus récente :

« Les effluves de la colline s’insinuent par les aérations de mon beau casque intégral, tandis que les éclairages publics jettent des taches orangées sur les bords de la route sinueuse. Un virage en vue, je ralentis, rétrograde, entre dans la boucle et dès que possible accélère de nouveau et passe la vitesse supérieure – surveillance des trajectoires, repérage des obstacles, anticipation des zones d’ombre… Pendant quelques minutes encore, rien n’existe que la route, ma machine et moi. Et peut-être, à la lisière de ma conscience, Khaliva ou Kwisk, mes compagnons invisibles. Combien j’aime ces moments durant lesquels je suis seule aux commandes ! Je pilote ma moto, je dirige le monde, je plierais l’univers à ma volonté si ce n’était interdit, les conséquences trop incertaines.

Très vite, hélas, s’achève mon ascension de la colline sur laquelle trône l’observatoire. Je me gare tout près de la porte d’entrée, coupe le contact, descends de ma moto, ôte mon casque et le range dans le topcase. Les véhicules sont rares sur le parking. Tout en me massant les jambes et les épaules – les derniers jours m’ont laissé quelques courbatures –, j’essaie de deviner avec laquelle de ces voitures est arrivée Ursula. La petite citadine bien sage ? La berline un peu ancienne, abîmée sur l’aile droite ? L’hybride étincelante ? Peu importe, en vérité. Il me reste d’autres questions de plus grande importance. Cessant ma séance d’automassage, je me tourne vers la colline où l’on peut lire “Hollywood”. Les yeux clos, j’ouvre mon esprit et mes sens à ce lieu suspendu au-dessus de la Cité des anges. L’effet est immédiat : d’ici, on sent pulser l’incroyable énergie de L.A., ce désordre ahurissant de déplacements, de vitesse, d’espoirs et de déceptions, de savoirs et d’illusions. »

Crédits photo : S. Scardigli

Crédits photo : S. Scardigli

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